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 Les archers dans l'histoire

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Anto
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MessageSujet: Les archers dans l'histoire   Les archers dans l'histoire Icon_minitimeLun 19 Mai - 10:57

Conquête du pays de Galles
Le terrain accidenté du Pays de Galles se prête mal à la tactique féodale de charges massives de cavalerie lourde. Aussi les Gallois sont un des rares peuples d’Europe à avoir conservé au Moyen Âge les tactiques de combat rangé apprises des Romains. Leur armée est très largement constituée de fantassins recrutés parmi la population (en cas de guerre, tout homme de plus de 14 ans et laïc peut être convoqué une fois par an pour une période de six semaines), auxquels s’ajoute une petite cavalerie comprenant le roi et sa garde. Les territoires du nord du Pays de Galles fournissent essentiellement des piquiers et ceux du sud des archers équipés de l’arc long. Les arcs sont utilisés pour leur capacité de perforation à courte distance et font des ravages parmi les chevaliers anglais équipés de cottes de mailles. L’arc gallois est fabriqué en orme blanc, un bois disponible sur place, non-poli et grossier, mais puissant. L’adoption de cette arme par les Gallois date de la fin du XIIe siècle : en 1182, au siège de Abergavenny, une flèche galloise s’enfonce de 4 pouces (plus de 10 cm) dans une porte en chêne et en 1188, William de Braose, un chevalier anglais combattant les Gallois, rapporte qu’une flèche a traversé sa cotte de maille, son pourpoint, sa cuisse, sa selle et a finalement blessé son cheval. Dès lors, les Anglais savent que cette arme permet de percer les armures, et l’arc long est utilisé en 1216 par les troupes anglaises lors de l’invasion de l’Angleterre par le futur Louis VIII de France.

Les Gallois évitent les batailles rangées et préfèrent mener une guerre d’escarmouches, harcelant l’armée adverse jusqu’à ce qu’elle finisse par repartir (les chevaliers féodaux ne venaient épauler leur suzerain que temporairement, au cours du service d’ost). En cas de bataille, ils cherchent à évoluer en terrain escarpé ou marécageux où l’efficacité de la cavalerie adverse est amoindrie.

À partir de 1277, Édouard Ier d’Angleterre est en guerre contre les Gallois et doit contrer leur tactique de guérilla. Pour cela, il recrute des archers gallois (jouant des rivalités qui minent l’unité de ce peuple) qui, en tant que soudoyers, sont présents aussi longtemps que la campagne dure, contrairement à ses chevaliers. Lors de la Bataille d’Orewin Bridge, le 11 décembre 1282, les piquiers gallois sont dispersés par les archers (également gallois) au service de l’Angleterre, puis balayés par la cavalerie d’Édouard Ier.


Guerres d’Écosse
L’Angleterre prend part aux guerres d’indépendance de l’Écosse (1296 à 1357). Depuis 1296, profitant de la mort d’Alexandre III sans héritier mâle et d’une tentative de prise de contrôle par mariage, l’Angleterre considère l’Écosse comme un État vassal. Cependant, les Écossais ont contracté avec la France la Auld Alliance le 23 octobre 1295 et Robert Bruce (futur Robert Ier d’Écosse), lors de la bataille de Bannockburn en 1314, écrase la chevalerie anglaise, pourtant très supérieure en nombre, grâce à une armée essentiellement composée d’hommes d’armes à pied protégés des charges par un premier rang de piquiers. Ces formations de piquiers peuvent être utilisées de manière offensive à la manière des phalanges grecques (la formation serrée permet de cumuler l'énergie cinétique de tous les combattants qui peuvent renverser l'infanterie adverse) et ont disloqués les rangs anglais leur infligeant une sévère défaite.

Tirant les leçons des campagnes de Galles et d’Écosse, le roi Edouard Ier d’Angleterre instaure une loi qui incite les archers à s’entraîner le dimanche en bannissant l’usage des autres sports ; les Anglais deviennent ainsi habiles au maniement de l’arc long. Le bois utilisé est l’if (que l’Angleterre importe d’Italie) qui a des qualités mécaniques supérieures à l’orme blanc des arcs gallois : les performances sont ainsi améliorées. Cette arme plus puissante peut être utilisée en tir massif à longue distance. Les Anglais adaptent leur manière de combattre en diminuant la cavalerie mais en utilisant plus d’archers et d’hommes d’armes à pied protégés des charges par des pieux plantés dans le sol (ces unités se déplacent à cheval mais combattent à pied).

Édouard III met en œuvre cette nouvelle façon de combattre en soutenant Édouard Balliol contre les partisans de David II, le fils de Robert Bruce. Cette tactique leur permet de remporter plusieurs batailles importantes. L’utilisation tactique des archers s'améliore progressivement. À la bataille de Boroughbridge en 1322, les schiltrons écossais sont dispersés par la pluie de flèches décochées par les archers gallois. À la bataille de Dupplin Moor en 1332, les archers sont déployés sur les ailes, ce qui donne une formation en croissant et évite que les tirs arrivent de face et soient déviés par le profil des armures. Lors de la bataille de Halidon Hill en 1333, les archers adoptent des formations en V qui permettent encore davantage d’atteindre l’ennemi sur le flanc. Grâce à cette campagne, Édouard III dispose d’une armée moderne et rodée aux nouvelles tactiques (il y a aussi expérimenté la stratégie des chevauchées qui consiste à piller le pays sur des distances énormes grâce à une armée montée, qui oblige l’ennemi à l’attaquer et lui permet d’utiliser ses archers en position défensive.


Guerre de Cent Ans

Bataille de Poitiers (1356) : la chevalerie française est taillée en pièces par les archers anglais équipés de l’arc long.
La bataille de Nájera d’après les chroniques de Jean Froissart.L’arc long est utilisé par les Anglais tout au long de la guerre de Cent Ans. Il se révèle particulièrement efficace au cours de la première phase du conflit. À la bataille de l’Écluse (1340), les archers anglais prennent le dessus sur les arbalétriers génois, utilisant des flèches à pointes larges ou en croissant qui sectionnent les cordages et immobilisent les vaisseaux adverses, qui peuvent ensuite être abordés un à un. La bataille de Crécy (1346) est un véritable choc pour les Français : les arbalétriers génois sont complètement surclassés et la chevalerie est laminée par les archers anglais (les chevaux ne sont pas protégés et les armures sont encore largement faites de cottes de mailles). Lors de la bataille de Poitiers, voyant que les premières charges de cavalerie sont brisées par les archers et que les chevaux sont trop vulnérables aux flèches, Jean le Bon fait mettre pied à terre à ses hommes. La cavalerie anglaise exécute alors un mouvement tournant et charge les Français vulnérables, car démontés.

Après ces deux désastres, Charles V décide de ne plus combattre les Anglais en rase campagne et leur oppose la tactique de la terre déserte, laissant les chevauchées dévaster le pays : à chaque chevauchée, le roi ordonne aux campagnards de se réfugier dans les villes avec toutes leurs réserves. Plus les Anglais avancent dans les terres, plus leur ravitaillement est difficile ; harcelés par des Français qui leur tendent de nombreuses embuscades, leurs effectifs sont vite réduits à néant et de nombreux chefs anglais de renom sont obligés de se replier afin d’éviter le désastre (Jean de Lancastre, le Prince Noir, Robert Knolles et Édouard III lui-même sont victimes de cette stratégie de Charles V). Les rares batailles rangées terrestres contre les Anglais de cette période, comme la bataille de Nájera (où les 3 000 archers anglais laminent les arbalétriers et la cavalerie légère espagnole) ou la bataille d’Auray, se soldent par des défaites françaises. Charles V réorganise l’armée, sous le commandement de chefs expérimentés et fidèles (comme Bertrand du Guesclin et son cousin Olivier de Mauny) et livre une guerre de siège. Il tente bien de combler le retard pris sur les anglais en archerie et encourage à son tour les concours de tir à l’arc mais l'entrainement et la sélection des tireurs sont très longs c'est pourquoi il engage aussi de nombreux arbalétriers entre 1364 et 1369, Mais il ne prend pas le risque d'affrontements de masse et les utilise surtout dans une guerre de position. Entre 1369 et 1375, les Français reprennent aux Anglais la quasi-totalité des concessions faites et des terres possédées par l’ennemi avant même le début de la guerre, à l’exception de Calais, Cherbourg, Brest, Bordeaux, Bayonne, ainsi que de quelques forteresses dans le Massif central.

À la faveur de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons qui déchire le royaume de France après 1405, Henri V d’Angleterre reprend les hostilités. L’arc long joue de nouveau un rôle décisif à la bataille d’Azincourt (1415) où la cavalerie lourde française démontée est massacrée par des pluies de flèches provenant des archers anglais, malgré des armures de plaques de plus en plus couvrantes. Pour essayer d’équilibrer les forces, le futur Charles VII fait appel, avec des fortunes diverses, à des archers écossais, qui sont notamment massacrés à la bataille de Verneuil.


La bataille de Formigny : les archers anglais doivent se découvrir pour neutraliser l’artillerie française et donnent prise à une charge de cavalerie lourde sur leur flanc.En 1429, Jeanne d’Arc fait charger la cavalerie avant que les archers aient pu se retrancher derrière des pieux et remporte une victoire décisive à la bataille de Patay. Charles VII crée les compagnies d’ordonnance et les francs-archers pour disposer d’une infanterie capable de rivaliser avec les archers anglais. Mais surtout, en fin de conflit, l’arc long est surclassé par l’artillerie de campagne. Du fait de la portée supérieure des canons, les archers ne peuvent plus être exploités défensivement : à la bataille de Formigny, les archers doivent charger pour neutraliser deux couleuvrines, permettant aux renforts français de les attaquer de flanc. L’impact de l’artillerie devient encore plus net en 1453 à la bataille de Castillon, où elle est employée massivement par les Français. Les archers, déjà surclassés en portée, le deviennent aussi en puissance de tir à bout portant, du fait de l’apparition des canons à main : les Anglais, devant se ruer à l’assaut, se font hacher par les tirs de mitraille.

Dans la dernière phase du conflit, une stratégie de neutralisation des archers anglais, dont l’entraînement est très long, est appliquée. Capturés, ils sont mis définitivement hors d’état de combattre par amputation du majeur avant d’être rançonnés. Ils préfèrent alors souvent mourir plutôt que de se rendre et être mutilés. Les archers anglais subissent de lourdes pertes lors des batailles de Patay, Formigny et Castillon et 90 % d’entre eux périssent, ce qui contribue, en partie, à la défaite de l’Angleterre. Cette stratégie est cependant aussi employée dans l’autre camp : les archers écossais qui ont participé à la bataille de Verneuil sont massacrés jusqu’au dernier.


Guerre des Deux-Roses

La Bataille de Tewkesbury.À la fin de la guerre de Cent Ans, le roi d’Angleterre Henri VI sombre dans la folie. Deux clans, les York et les Lancastre, vont s’entre-déchirer pour le contrôle de la couronne de 1455 à 1485. Les archers sont les principaux acteurs des batailles qui vont opposer les deux partis. Ils forment l’épine dorsale des armées des deux camps, mais leur présence ne suffit pas à garantir la victoire comme au début de la guerre de Cent Ans. Les belligérants sachant depuis la bataille de Shrewsbury en 1403 que les duels massifs d’archers longs conduisent à des massacres avec de fortes pertes des deux côtés, la stratégie est donc de contraindre l’adversaire à attaquer, ce qui n’est pas toujours évident car, contrairement aux Français à Crécy, il peut riposter avec ses propres archers et n’est pas obligé de venir au contact. À la bataille de Blore Heath, en 1459, le parti d’York simule une retraite pour faire charger les Lancastriens et remporte la victoire en usant défensivement de leurs archers. Le 22 juin 1460, ce sont les Lancastriens qui sont en infériorité numérique et qui remportent la victoire à la bataille de Northampton en utilisant leurs archers en position défensive. En 1461, à Towton, les Lancastriens subissent une sévère défaite car leurs archers ont le vent de face et sont gênés par la neige : les pertes des deux côtés sont très lourdes, entre 28 000 et 40 000 combattants selon les sources,. Le 4 mai 1471, à la bataille de Tewkesbury, les Lancastriens attaquent car ils subissent un violent tir d’artillerie, mais leur manœuvre de contournement échoue et c’est encore une fois l’armée qui est en position défensive qui emporte la victoire.
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