Ewich Jager
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 Les archers

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Anto
Barde
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MessageSujet: Les archers   Les archers Icon_minitimeLun 19 Mai - 10:56

Sélection et entraînement des archers

Pendant la guerre de Cent Ans, des arcs longs de 120 à 130 livres étaient particulièrement répandus (à comparer aux arcs actuels qui nécessitent une force de 40 à 80 livres). La sélection des archers se fait donc de façon très poussée et vise à ne retenir que des recrues capables de tirer avec de tels arcs. L’entraînement suivi, qui commence dès l'âge de 7 ans, est long et complexe : on a retrouvé des stigmates osseuses (au rachis, aux doigts de la main droite, de même qu'à l’avant-bras et au poignet gauches) de cet entraînement sur des squelettes d’archers anglais. Édouard III institue des « jeux » obligatoires de tir à l’arc le dimanche après la messe, dont seuls sont exemptés les hommes d’église et de loi. L’assiduité des paysans et villageois, ainsi que leur bon équipement, sont contrôlés par les représentants du shérif.

La sélection s'effectue alors à l'échelle de l'ensemble de l’Angleterre, qui se couvre de champs de tir constitués de buttes de terre de 2 à 3 mètres de haut pour 6 mètres de large, en forme de pains de sucre tronqués. La face tronquée reçoit une cible en paille, en toile ou en cuir. Des illustrations de l’époque montrent aussi des cibles maintenues entre deux piquets placés devant les mottes. Des pieux et des bornes, ou encore des papegays ("perroquet", longues perches à l’extrémité desquelles sont fixées des plumes), sont utilisés comme repères pour mieux s’habituer au tir en profondeur.


Cadence de tir

Bataille de Crécy (1346) : les arbalétriers génois sont surclassés en cadence de tir et en portée efficace car ils sont incapables de produire la pluie de flèches qu’ils subissent.Aux XIVe et XVe siècles, un archer anglais devait pouvoir tirer au moins dix flèches par minute, allant jusqu’à seize tirs ajustés par minute pour les archers expérimentés. Durant la bataille, les archers emportaient avec eux entre 60 et 72 flèches, de quoi durer environ 6 minutes en pleine cadence de tir. Sur le champ de bataille, de jeunes garçons étaient utilisés pour ravitailler les hommes en flèches. Celles-ci étaient posées en vrac devant les archers ou plantées à même la terre. Cette dernière méthode permet de raccourcir au maximum le temps nécessaire pour tirer une flèche. De plus cela contamine la pointe avec des germes telluriques qui augmentent le risque et la gravité d’une infection secondaire à une blessure (ces bactéries anaérobies peuvent êtres responsables de gangrène gazeuse et en l'absence de soins appropriés de mort par septicémie puis choc septique)[.

La cadence de tir des arcs longs anglais est bien supérieure à celle des arbalètes (capables au maximum de tirer quatre fois par minute) ou de n’importe quelle autre arme de jet de l’époque. L’adversaire est alors soumis à une pluie de flèches, ce qui rend efficace un tir à longue portée où la perte de précision causée par la distance est compensée par la quantité de flèches envoyées. Ceci constitue une énorme différence par rapport à l’arbalète qui s’emploie en tir tendu et qui devient forcément moins précise avec la distance. D’autre part, l’arc pouvant facilement être débandé et sa corde mise à l’abri, il est beaucoup moins vulnérable à la pluie qu’une arbalète (ce qui a été décisif, notamment lors de la bataille de Crécy), d’autant que les cordes de nerfs des arbalètes perdent de leur puissance quand elles sont humides, contrairement aux cordes en chanvre des arcs longs qui gagnent en dureté lorsqu’elles sont mouillées.


Technique de tir

La force nécessaire pour tirer avec un l’arc long nécessite 3 doigts (technique méditerranéenne), contrairement aux arcs utilisés à l’époque en France que l’on pouvait armer avec seulement 2 doigts (technique pincée).L’arc long a comme inconvénient d’être assez difficile à « apprivoiser » et de demander plus de technique et de force que l’arc classique. Des autopsies pratiquées sur des corps d’archers gallois ont révélé des distorsions spinales, témoins des contraintes subies.

L’arc est en particulier réputé pour « secouer » le tireur au moment de la décoche. Les habitués de ce type d’arc recommandent de plier légèrement le bras qui tient l’arc pour éviter « le coup dans la nuque ».

Du fait de la taille de l’arc, il faut tendre la corde derrière la joue et non pas seulement jusqu’au menton (les doigts arrivant à la commissure de la lèvre). De ce fait, l’arc gallois ne peut se pratiquer avec un viseur. On peut tirer soit en tir instinctif soit en « bare-bow ». La décoche doit suivre immédiatement l’armement, car les contraintes sont telles qu’elles peuvent briser l’arc si la décoche est trop retardée.

Le tir instinctif demande un long entraînement, car le cerveau doit connaître parfaitement le vol parabolique d’une flèche, qui varie en fonction de l’angle initial, de la puissance de l’arc et du poids de la flèche. L’archer se concentre uniquement sur le point d’impact, l’inconscient du cerveau faisant le reste.

Dans le tir « bare-bow » on modifie la position des doigts sur la corde suivant la distance (en anglais « string-walking »). D’autres archers changent le point d’ancrage sur le visage.


Utilisation tactique
La portée de l’arc long (efficace sur les combattants faiblement protégés ou les chevaux à 300 mètres), oblige l’adversaire à attaquer. Cela permet de l’attirer en terrain défavorable et de le contraindre à attaquer une position fortifiée au préalable : à Crécy l’armée anglaise se retranche sur un monticule, à Poitiers derrière des haies, à Azincourt derrière un terrain embourbé. Les archers disposent des pieux devant leurs lignes de manière à briser les assauts. Leurs arrières ou leurs flancs sont couverts par des chariots ou des obstacles quasi infranchissables pour de la cavalerie lourde (rivières, forêts, …).


Bataille d’Azincourt : les Anglais sont positionnés derrière un bourbier et ne peuvent pas être tournés car leurs flancs sont protégés par des bois. Ils sont placés sur les ailes de manière à être plus efficaces contre les armures de plates profilées pour dévier les projectiles venant de face.À longue distance (de 100 à 300 mètres), on utilise des flèches à empennage court et à pointe plate ou « en barbillon », plus dévastatrices sur les combattants peu protégés. Les archers sont utilisés par centaines, voire par milliers (6 000 à Crécy ou Verneuil, 7 000 à Azincourt). Cela permet de faire pleuvoir des nuées de flèches sur l’adversaire (72 flèches à la minute par mètre carré) et compense l’imprécision du tir à pareille distance. Ceci est rendu possible grâce à l’extraordinaire cadence de tir de l’arc long (les arbalètes, qui ont un pouvoir perforant supérieur sur les armures de plates mais une cadence bien inférieure, ne peuvent produire une telle pluie de flèches). À Crécy les 6 000 arbalétriers génois engagés par les Français doivent ainsi se replier rapidement. D’autre part, une telle pluie de traits désorganise considérablement les charges de cavalerie en blessant les chevaux (non protégés au début de la guerre de Cent Ans) qui peuvent chuter, s’emballer ou désarçonner leur cavalier (la chute du cavalier étant aggravée par le poids de l’armure). La densité de flèches plantées dans le sol est par ailleurs telle qu’elle gêne la progression des assauts (à la Bataille de Nájera, il est impossible de marcher au travers du champs de flèches). Les cadavres de chevaliers et surtout de leurs chevaux sont des obstacles qui gênent la progression des lignes d’assaut, tout comme les chevaux emballés qui fuient en sens inverse et désorganisent les charges. Pour obtenir un tir continu, les archers sont déployés sur trois doubles rangées qui vont alternativement se ravitailler en flèches.

À plus courte distance, le tir se fait de façon moins parabolique, avec des projectiles plus perforants (pointe bodkin) et plus précis (empennage long). Les archers sont placés sur les ailes afin que leur tirs ne ricochent pas sur les armures de plates des cavaliers profilées pour dévier les flèches et lances venant de face. Ils sont disposés en V ou en croissant plutôt qu’en ligne, toujours pour obtenir un feu croisé plus efficace contre les armures de plates.

Lorsque la charge de cavalerie arrive au contact, les montures viennent s’empaler dans les pieux disposés devant les archers (calthops). Ces derniers sont de plus en plus polyvalents au fur et à mesure de la guerre de Cent Ans et sont équipés d’épées ou de haches, pour achever les chevaliers désarçonnés, engoncés dans leurs lourdes armures.
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